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La galerie LJ est heureuse de présenter «Fugue», la 2e exposition personnelle d’Antoine Corbineau en ses murs. Illustrateur à la notoriété grandissante (notamment pour sa fameuse Carte de Paris), il cultive également une œuvre de peintre. C’est suite à sa sélection au Salon de Montrouge en 2011 qu’il se met à consacrer à sa peinture le temps et l’énergie nécessaires.
Corbineau a construit sa nouvelle exposition, « Fugue », sur la base de deux mouvements parallèles et simultanés, qui se sont étalés sur plus d’une année avant de passer à la réalisation des oeuvres :
D’une part, une collecte d’images et de photos très variées, sur le web et via des photos prises avec son téléphone portable, dans les médias aussi bien que dans la nature ou en voyage. Un ensemble protéiforme et symptomatique de l’abondance médiatique dans laquelle nous sommes plongés, classés de façon chronologique par mois de collecte.
D’autre part, une collecte d’images cette fois mémorielle et non matérielle, de souvenirs personnels lointains, de son enfance en particulier, qu’il a transcrit rapidement en croquis sans intention préalable dans leur sélection. Il pouvait s’agir du souvenir d’un arbre au fond d’un jardin autant que d’un voyage sur les îles Eoliennes.
Partant de cette « boîte à outils » abondamment approvisionnée, il utilise la peinture pour réinstaller, reconnecter certaines images ou visions du passé ensemble, et glisser sous les “peaux” de la peinture différents temps et différentes physicalités. C’est une démarche contradictoire puisqu’elle conjugue une mouvement de sortie de soi autant qu’une introspection. Certaines « couches » restent invisibles dans l’image recomposée, mais elle sont dans l’essence de chaque tableau.
De manière récurrente apparait un homme, ou sa présence suggérée, autour duquel flotte une nature souvent idyllique et prépondérante, dans un paysage volontairement peu descriptif, qui échappent à une lecture univoque. De cette sorte c’est l’idée de Fugue qui est apparue, au cours de la réalisation des peintures, correspondre à l’idée à l’esprit du travail en création.
« Fugue », comme forme d’écriture contrapuntique, faite de superpositions de voix, images et souvenirs de différentes époques, dont le sujet demeure insaisissable puisque la composition constituée est faite de strates qui s’entrecroisent en s’auto-absorbant, plutôt qu’en se combinant côte à côte, sans que les clefs, les sources ne soient données frontalement. La peinture « Skype » est par exemple inspirée d’une peinture de femme au piano de Félix Vallotton et d’un visuel trouvé sur le web d’une scène banale très contemporaine, avec une mise en abîme de la véritable peinture « Vendredi » de Corbineau qui se retrouve accrochée au mur dans sa peinture « Skype ».
« Fugue », au sens le plus évident, celui de la fuite vers un ailleurs, puisque l’ensemble des travaux présentées ont des fils les reliant entre eux et malgré eux, qui suggèrent un mouvement, un déplacement, une évasion, un instinct de l’échappée. Il s’agit souvent de lieux frontières entre ville et nature, de banlieues en bordures de forêt, de rivières fuyant la ville endormie. Les peintures sont là pour pétrifier ces spectres qui vont et viennent, puis s’échappent.