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Nous avons le plaisir de recevoir l’artiste et performer brésilien Stephan “Calma” Doitschinoff pour sa première exposition personnelle en France, “Três Mundos”.
Stephan Doitschinoff est un artiste autodidacte né en 1977 à São Paulo où il vit toujours. Fils d’un pasteur évangélique, il a passé son enfance à absorber l’iconographie religieuse, qu’il réutilise et détourne dans ses peintures, installations et performances de rue. Au delà du Brésil il est déjà très populaire aux USA et au Royaume Uni. Ses oeuvres font entre autre partie de la collection Isabel & Agustin Coppel au Mexique.
Artiste révélé par le prix de l’Associação Paulista de Críticos de Arte, ses expositions les plus ambitieuses sont celles qu’il a présentées dans des institutions telles que : MCA San Diego – USA ; Fondation Cartier, Paris – France ; MASP São Paulo – Brésil, Museu Afro Brasil, São Paulo – Brésil ; Centro Cultural Vergueiro, São Paulo – Brésil.
FVTVRA RVPTVRA – un texte de Nathalia Cruz sur l’exposition “Tres Mundos”
La série TRES MUNDOS – FVTVRA RVPTVRA comprend des peintures, des installations et des actions dans l’espace public. Stephan Doitschinoff y utilise un univers iconique pour créer une représentation d’un état apocalyptique où São Paulo est représentée comme l’allégorie de l’excès de rigueur et de contrôle dans le comportement social des grandes métropoles à travers le monde, comme justement São Paulo, mais aussi Pékin, Moscou, Mexico.
L’expression latine Non Dvcor Dvco, que l’on retrouve dans l’installation « Nova Aparecida » au sous-sol de la galerie (chapelle), est une référence au blason de la ville de São Paulo signifiant « Je ne suis pas dirigée, c’est moi qui mène ». « Nova Aparecida » exprime en partie cette devise selon laquelle un Etat doit proposer parmi ses principaux idéaux de baser son économie sur le développement industriel et générer de la richesse – des concepts largement diffusés dans la pensée progressiste du XXe siècle.
Un autre symbole de la rigueur comme ligne de conduite est la Rose des Vents, qui signifie pour les membres de la Blatva (mafia russe), lorsqu’elle est tatouée sur les genoux, que le Vor (le voleur) n’est pas à genoux ou ne se soumet à personne, ni à la loi des hommes ni à celle de Dieu. La peinture « Tres Mundos », à son tour, reprend cette symbolique sur les genoux d’une allégorie personnifiée de l’Etat, établissant un parallèle entre la rigueur comme ligne de conduite visant à préserver des valeurs cristallisées (telle que la Rose des Vents le symbolise pour la mafia russe), et la limitation rigoureuse, au sein de l’Etat, de la liberté de choix et des besoins, qui sont pourtant nécessaires à l’épanouissement de l’Homme et qui stimulent l’existence du marginal.
De façon analogue, plus rigoureuse est une structure, plus fragile et sensible est l’impact qu’elle produit. En appliquant ce concept à l’ordre social, la censure rigoureuse peut générer un dispositif de rupture et, au contraire, de perte de contrôle. C’est ce questionnement qu’évoque la représentation de l’édifice emblématique de la Banque d’état de São Paulo (Banespa) qui s’écroule, dans les peintures de Doitschinoff et notamment « Tres Mundos ». Symbole de pouvoir et référence touristique, la Banespa a fait faillite dans les années ‘90 et a été privatisée par la banque Santander.
D’autres thématiques telles que la course à la conquête spatiale, la marginalisation de la culture des peuples indigènes ou la pensée totalitariste, entre autres, sont également explorées par l’artiste afin d’approfondir ses questionnements. Son travail est ainsi imprégné d’un langage codé et symbolique.