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La galerie consacre sa première exposition de l’année 2024 à quatre artistes émergents français aux pratiques variées : Agathe Brahami Ferron (née en 1992, travaille à Antony), Valentin Halie-Cadol (né en 1989, travaille à Pantin), Nathan Harbonn (né en 1996, travaille à Pantin) et Margaux Henry-Thieullent (née en 1988, travaille à Biarritz). Chacun d’eux explore à sa manière l’idée de la mémoire, du numérique, ou bien de la maternité et de l’estime de soi.
Agathe Brahami Ferron est diplômée des Beaux Arts de Paris depuis 2016. La céramique est au coeur de sa pratique artistique : elle s’est notamment faite connaître pour ses personnages émaillés grandeur nature. Elle remporte en 2018 le premier prix de la 12e Biennale de la Jeune Création de la Graineterie, centre d’art de la ville de Houilles (78), qui lui offre l’opportunité de présenter un solo show en ses murs (Woolloomooloo Bay), en 2019. Plus récemment, on a pu voir son travail à la Biennale de Paname 2023, à Saint-Ouen. Ses céramiques – personnages de plain-pied, bustes, totems, joignent la poésie à l’absurde, et explorent la tension entre socialisation et individualisation, ce processus de différenciation indispensable à la construction d’un regard extérieur et éventuellement critique. Agathe Brahami Ferron puise son inspiration esthétique dans le travail de Martin Parr, Ulrich Seidl, Yann Lagarde… Très attachée à la dimension technique et à la mise en valeur de l’art de la céramique, elle s’appuie également sur les travaux de Roland Barthes, Eva Illouz ou Jean Didier Urbain, pour documenter sa pratique. Elle dénonce, non sans humour, une société de consommation qui glorifie l’importance accordée à soi-même, le culte du bien-être personnel et la valorisation du concept d’esprit sain dans un corps sain.
Valentin Halie-Cadol est diplômé des Beaux Arts de Paris depuis 2017, et est installé aux ateliers de la Tour Orion à Pantin. De septembre à novembre 2020, il a effectué une résidence au Musée Bernard Boesh au Pouliguen (44), où il a produit un corpus de peintures sur toile, papier et sur logiciel 3D, autour de la notion d’espace virtuel. Il développe depuis 2019 une série de petites huiles sur bois inspirées de l’imaginaire des jeux vidéo et de l’esthétique de la 3D. Elles sont enchâssées dans des cadres de béton ou de plâtre qui les transforment presque en sculpture. Les paysages ou les éléments d’architecture que Valentin Halie-Cadol représente sont étonnants : on ignore si l’on se trouve en face de rivières, de ciels, de rochers, de constructions, en intérieur ou en extérieur, ou tout à la fois. Les volumes y sont réduits au minimum, les paysages évanescents. Les couleurs dans ses œuvres sont réduites et simplifiées et rappellent le minimalisme du monde virtuel, qui l’inspire tant. Formes simples et couleurs naïves représentent pour lui l’utopie et la défense de l’imaginaire face à la productivité. Sa plus récente série est dédiée au chien, animal pour lequel il s’est pris de passion, reflétant également l’absurde.
Nathan Harbonn est diplômé depuis 2019 des Gobelins en animation 3D. La même année il reçoit le 1er prix du jury professionnel du concours ARTE de courts métrages d’animation étudiants, au côté d’autres membres de son équipe, pour le film Déjeuner sur l’herbe (7min30). Il développe en parallèle une pratique de peinture, dans laquelle il questionne l’abondance de matière recyclable trop souvent délaissée en utilisant exclusivement des peintures de récupération. Se faisant d’abord remarquer pour ses portraits, il cherche à témoigner d’une époque en capturant ceux qui l’entourent. Au travers de poses improvisées, dans un état de relâchement et dans l’intimité, il veut dépeindre une expression face au monde contemporain, sans artifice et dans le vif. Les compositions improvisées selon les formats des toiles sont un moyen supplémentaire de donner à chacun une façon unique d’habiter l’espace. Sa plus récente série de peintures est une étude de sa compagne pendant leurs vacances d’été, qui illustre sa volonté de figer des moments et capturer l’expression humaine dans sa spontanéité.
Margaux Henry-Thieullent (née en 1988) est diplômée en architecture depuis 2019 de l’Ecole Paris Malaquais et a fondé son atelier-galerie Encooore à Biarritz, où elle vit et travaille. Elle se fait connaître dès 2019 en exposant son travail graphique sur le salon DDESSIN à Paris, et au Festival Vrrraiment à Toulon. Sa première exposition personnelle aura lieu en 2022 à la Cité des Arts de Bayonne. On a également aperçu son travail cette année à la Biennale de Paname 2023. Dialoguant entre vidéos, peinture, dessin numérique et installation, elle questionne la construction de notre mémoire collective en proposant une lecture de la société contemporaine sous forme de strates thématiques. La maternité, dont elle fait l’expérience personnelle, est au cœur de ses préoccupations actuelles : Margaux Henry-Thieullent cherche à confronter notre vision féminine face à la violence des injonctions, des paradoxes qui traversent les corps au quotidien, en particulier le corps de la mère durant cette période de transition physique et physiologique. Elle questionne également avec sarcasme la fragilité de certaines libertés et droits fondamentaux dont la légitimité est constamment remise en question : le droit à l’avortement, la symbolique des menstruations, ou les discriminations systémiques autour de la notion de genre. Elle imagine alors de nouveaux récits témoignant de l’assimilation d’informations multiples à la fois sociétales, politiques, scientifiques et même biographiques.
[ENG]
Galerie LJ dedicates its first exhibition of the year 2024 to four French emerging artists with varied practices : Agathe Brahami-Ferron (b. 1992), Valentin Halie-Cadol (b. 1989), Nathan Harbonn (b. 1996) and Margaux Henry-Thieullent (b. 1988).