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La galerie présente “Llenos de Todo” (“Pleins de tout”), la première exposition personnelle en France du peintre argentin Martin Kazanietz, également connu sous le pseudonyme Gordo Pelota. Originaire de Buenos Aires, Kazanietz (né en 1985) vit et travaille en Patagonie. Après avoir étudié le design graphique, il s’est d’abord fait connaître avec une carrière de muraliste et d’illustrateur.
Martin Kazanietz consacre depuis plusieurs années sa pratique à la culture du fútbol amateur. Tels des personnages de Botero en version outsiders, venant de la rue, ses personnages ne sont pas les stars ou les légendes emblématiques du terrain. Au-delà du footbal, les peintures de Kazanietz proposent un miroir de la culture populaire typique d’Amérique latine, et une réflexion plus large sur les liens entre société, politique, économie, genres et sport.
Sa plus récente série de peintures, qu’il présente à Paris cet automne, a comme point de départ la dernière Coupe du Monde de football, gagnée par l’Argentine (2022). La population en liesse a rassemblé pas moins de 5 millions de personnes dans les rues de Buenos Aires – la plus massive célébration populaire à ce jour dans l’histoire du pays. Alors que les foules se rassemblent principalement pour des manifestations ou, du moins, pour des raisons politiques et pour protester, Kazanietz s’interroge sur la volonté de célébrer l’unité d’un peuple : est-elle alimentée par la colère que nous ressentons en manifestant contre l’injustice? Quel parallèle peut-on dresser entre ces images de célébration et les manifestations de protestation? En prenant pour acquis que l’Argentine est l’une des économies les plus instables de la planète, Kazanietz se demande comment créer une identité alors que les argentins vivent dans une crise quotidienne. Le peuple argentin aurait-il été aussi fier s’il avait été une économie dominante au niveau mondial ?
Ses images ont ainsi vocation à ouvrir une conversation sur le rôle du football dans les identités sud-américaines, et notamment son rôle social, dans une économie marginalisée, et comment il reproduit l’injustice des inégalités nord-sud. L’approche quasi religieuse dans la façon de célébrer le football et dans la pratique de ce sport, peut également rendre perplexe. Les peintures de Martin Kazanietz proposent une réflexion sur la façon dont nous créons nos héros et nos icônes.
Presse : Juxtapoz, “Sport as life: the physical struggle of Martin Kazanietz’s newest works in Paris“, 26 octobre 2023
[ENG]
Galerie LJ presents “Llenos de Todo” (“Full of Everything”), the first solo show in France by Argentine painter Martin Kazanietz, also known by his pseudonym Gordo Pelota. Originally from Buenos Aires, Kazanietz (b. 1985) lives and works in Patagonia. After studying graphic design, he first made a name for himself as a muralist and illustrator.
Martin Kazanietz has been dedicating for the past several years his practice to the culture of amateur fútbol. Like an outsider version of Botero’s characters from the streets, his figures are not the emblematic stars or legends of the field. Beyond soccer, Kazanietz’s paintings offer a mirror to the popular culture typical of Latin America, and offer a broader reflection on the links between society, politics, economics, gender and sport.
His most recent series of paintings, which he is presenting in Paris this Fall, takes as its starting point the last soccer World Cup, won by Argentina (2022). The jubilant populace brought no fewer than 5 million people to the streets of Buenos Aires – the most massive popular celebration to date in the country’s history. While crowds gather mainly for demonstrations, or at least for political reasons and to protest, Kazanietz wonders about the desire to celebrate the unity of a people: is it fueled by the anger we feel when demonstrating against injustice? What parallels can be drawn between these celebratory images and the protest demonstrations? Taking for granted that Argentina is one of the most unstable economies on the planet, Kazanietz asks how to create an identity while Argentinians live in daily crisis. Would the Argentine people have been so proud if it had been a globally dominant economy?
His images are intended to open up a conversation about the role of soccer in South American identities, and in particular its social role in a marginalized economy, and how it reproduces the injustice of North-South inequalities. The quasi-religious approach to the celebration and practice of soccer is also perplexing. Martin Kazanietz’s paintings reflect on how we create our heroes and icons.