Exposition “Last Exit (…)” : focus sur Annaïk Lou Pitteloud
Dernier focus en amont à notre prochaine exposition consacrée à la jeune création d’origine ou formée en Suisse, que nous consacrons à Annaïk Lou Pitteloud. Née en 1980 et originaire de Lausanne, elle vit et travaille en Belgique à Anvers. Son travail a été récompensé à deux reprises par les Swiss Art Awards en 2006 et 2007. En novembre 2012 elle a reçu le prix d’art contemporain de la Messe Kunst Zürich pour son oeuvre “Transposition“.
Annaïk Lou Pitteloud use de l’image photographique comme un matériau au même titre que la vidéo ou encore l’encre solide. Si elle échappe à l’enfermement de la catégorie, c’est également parce que son travail déjoue les apparences. Le réel y est ainsi perpétuellement confronté à la fiction et le visible est dans ses images photographiques paradoxalement bien plus fragiles que l’invisible. Les liens entre documentation et fiction s’établissent dans le mariage complexe entre d’un côté les prises de vue multiples d’un sujet ou d’une personne, bien souvent des centaines d’images, et de l’autre une image issue de l’assemblage de ces multiples clichés. La qualité documentaire du matériel de base, bien que fragmenté, se retrouve dès lors cristallisé dans une seule et unique image, de synthèse. L’ensemble de ce travail photographique se subdivise en deux parties, l’une intitulée «Prototypes» et consacrées aux environnements oscillant entre banalité et catastrophe, l’autre « Séquences », constituées d’images à l’esthétique cinématographiques.
En parallèle, Annaïk Lou Pitteloud réalise une série de pièces qui se rapprochent davantage d’une approche conceptuelle. « L’insurrection qui vient » sera notamment présentée à la galerie : son titre fait référence à un ouvrage rédigé par le Comité invisible et publié en 2007 par la maison d’édition française La Fabrique. Cet essai anarchiste émet l’hypothèse de l’effondrement de la culture capitaliste. Considéré par les auteurs comme un axe pour une critique radicale de la société occidentale, les émeutes françaises de 2005 servent dans leur analyse comme un exemple d’un changement important dans la façon de mener une lutte sociale. Attribué aux “9 de Tarnac” par la police française, ce livre a été considéré comme un ouvrage terroriste d’extrême gauche. L’incrimination des “9 de Tarnac” et leur supposé lien avec ce livre a soulevé une grande polémique politique en France. La pièce produite par l’artiste en rapport avec ce fait (image ci-dessus) représente la quantité d’encre qu’il a fallu utiliser pour imprimer un exemplaire de ce livre.